Chute (PV Trin Lick)

Qu'est-ce qu'il était horrible cet asile. Plus j'y passais de temps, plus je le détestais. Surtout ce couloir, il est moche, froid et moisi. De plus, le sol est crépi de sang (ça, ce n'est pas dérangeant). C'est en traversant ce couloir, les mains pleines de dossiers à déposer aux archives que j'observai chaque recoin de ce long et sombre couloir mortelle. Où chaque patient l'ayant traversé, n'en n'est revenu vivant. Personnellement, je n'y crois pas. Il est clair que tout le monde est fous ici, y compris les médecins et infirmiers mais de là à dire que le couloir est hanté, c'est grotesque. C'est juste un médecin qui a voulu s'amuser un peu trop violemment et c'est tout. Résultats des courses: chaque dossier de patients morts sont entre mes bras. Et ça en fait un tas, un sacré même!

Etant donné la taille de la pile, je ne pus voir devant. C'est en me retrouvant par terre, les mille et une feuilles étalées au milieu du couloir que je compris que j'étais rentrée dans quelqu'un. Et ce quelqu'un est une jeune patiente qui ne devrait pas être libérée car c'est la patiente n°862. Schizophrénie et dédoublement de personnalité plus, homicides involontaires.

-Désolée, je ne t'ai pas vu. Et... Comment es-tu sortie de ta cell... chambre?

-Mais comment t'es-tu échappée? Je ne veux pas savoir en fait. Aujourd'hui je suis déjà d'une humeur massacrante mais encore qu'une patiente se fait la malle... Je sais déjà où tu vas finir ta nuit.

Je la tirai jusqu'à la chambre d'isolement. Cette fille n'était vraiment pas nette. Pas comme les autres, qui ne sont que des demeurés; elle, elle était vraiment mais vraiment pas nette. Même le somnambulisme n'entraîne pas une perte de conscience aussi longtemps que ça. Parce que depuis sa cellule à ici, il y a au moins une heure pour se retrouver là. Cette femme ne me plaisait pas du tout. C'est pour ça qu'une fois dans la chambre d'isolement, je la poussai dedans et fermai la chambre à double tour.

-Là au moins, tu ne risqueras pas de t'échapper.

Vision de Trin :

Trin regarda la salle d'isolement, cette salle lui faisait peur, comme si elle ressentait une présence ici. le fou de son rêve peut être. Comme une petite fille ayant fait un cauchemar elle se précipita vers la porte, elle était effrayée. La jeune fille se retrouvait seule, la mort lui souriait de l'autre côté, et partie comme libre. La "folle" posa alors son regard sur l'infirmière qu'elle avait trouvé au départ trouvait gentille.

-Laissez moi sortir je vous en supplie ! J'ai peur ici, il y a une présence...je le sens....par pitié.

La présence dans son dos semblait se déplacer, pourtant personne d'autre que elle s'y trouvait. Mais elle avait peur et se trouvait désorienté perdue. Une crise de folie venait de se créer. De nouvelle halucination visuel apparût, les mur étaient couverts de sang et d'entaille dans la cellule. Des restes d'humain s'y trouvait au fond de la salle. Des os, des bruits de lames râpés sur les murs, sans pourtant y avoir de présence dans la pièce. Trin cria et tomba en sanglot, l'horreur continuait encore, elle ne voulait pas mourrir.

-Alors dis moi comment tu es sortie.

Je la regardai pleurer et crier, me supplier. J'y pris un malin plaisir. Elle se tourna encore et encore comme si quelqu'un se trouvait avec elle. Ses cris redoublèrent, elle avait vraiment peur. Je sentais bien qu'elle était horrifiée. Elle était comme dans une transe, rien de ce que j'aurais pu faire n'aurait changé ça. Alors je fermai les yeux et me délectai de toute cette souffrance. Pas forcément comme je l'avais voulu, mais un avant-goût. Je me mis à chantonner un petit air que j'aimais énormément. C'était une petite mélodie que ma mère aimait siffler lors de belles journées d'été. Le plus souvent était lors de nos pique-nique du dimanche. Ma mère était une femme joyeuse qui aimait de belles journées comme celles-ci. Chanter ainsi la rendait euphorique.

Moi aussi j'aime cet air. Il me libère et me fait sentir tellement plus morte que je ne le suis déjà. Je le trouve très adapté à cette situation. Ma mère aimait le chanter à des pique-niques, et moi je préfère le chanter lorsque des cris de souffrance et de peur se font entendre. Rien n'aurait pu me sortir d'un tel euphorisme.

Vision de Trin :

Trin s'arrêta soudainement de crier, la vision avait disparu, soudainement, comme si rien ne s'était réellement passé. La jeune demoiselle pris conscience de la réalité du monde. Elle s'était crée une amie imaginaire pour devenir forte, pas pour ne plus être seule. La femme se redressa et se tourna vers l'infirmière d'un regard déterminé. Elle n'avait plus besoin de personne, ses cauchemars montraient juste sa peur. Elle en avait marre de ce caché derrière différent masque. Et si on ne voulait pas qu'elle sorte elle utiliserait les grand moyens, ça veut dire l'évasion.

-Je n'ai pas peur de vous, vous me faites même pitié, vous devriez être à ma place. Et en ce qui s'agit de ma manière de sortir de ma chambre, la porte n'était pas fermée. Je suppose que c'est vous qui l'avez fermé, vu votre incompétence. Je veux voir le médecin en chef immédiatement, il faut que je lui parle immédiatement. Et je n'aurai que faire de vos envies, je passerai la nuit ici si il le faut. Mais faîtes attention, je suis insomniaque donc vous pourrez rien me faire dans mon sommeil.

Trin la regarda d'un air de défie, elle se sentait humaine, pour la première fois depuis si longtemps. La Mort n'était qu'une illusion de son esprit, et promis de ne plus jamais sombré dedans.

-Es-tu sûre de vouloir me défier? Tu as encore le choix: tu obéis sagement comme une chienne ou tu t'égares du -pas forcément droit- mais sombre chemin qui est autorisé à emprunter. Et tes menaces ne me font rien, je aussi aussi insomniaque que toi. Je faisais des classements de dossiers à 4h du matin. Tu peux venir quand tu veux, je t'accueillerais avec de belles banderoles marquées d'un "Bienvenue".

Après quoi, je sortis d'une de mes bottes un couteau. J'ouvris la porte et le lançai contre le mur.

-Ça pourrait t'aider pour t'évader, ou pour mettre fin à tes jours. Si tu me cherches, je serais dans mon dortoir.

Je refermai la porte à double tour et allai dans mon dortoir histoire de dormir quelques heures avant qu'elle ne vienne pour essayer de me tuer.

-Tu es très rapide. Moi qui pensais dormir encore deux trois heures.

Je repris le couteau, posé délicatement sur la table de nuit. Après quoi, je me relevai et restai sagement assise sur le bord de mon lit.

-Tu aurais très bien pu me tuer. Et pourtant, tu as joué les saintes Nitouche. Je ne m'attendais pas à ça, mais c'est bien plus plaisant comme ça. A vrai dire, ça m'horripile un peu quand les gens suivent leur instinct et attaque directe. Ils ne réfléchissent pas, c'est ce qu'il cause leur perte. Parce qu'à force qu'ils réagissent tous la même manière, ils meurent tous de la même manière! Alors que toi, soit tu veux me tuer vraiment à un moment où je serais disons... vulnérable, soit tu es bel et bien devenue gentille. Je serais vraiment bien embêtée si je ne pourrais pas te torturer comme tous les autres. Mais libre à toi de choisir ta voie, après tout, chacun a droit à la rédemption. Sauf qu'après avoir tué tant de personnes, ça doit être dur. Au fait, tu arrives encore à dormir la nuit? Ou c'est pour ça que tu es de plus en plus insomniaque?

Je m'arrêtai deux minutes, le temps de me sortir une cigarette et de l'allumer. J'aime beaucoup fumer tout en bavardant de banalités de tous les jours.

-Bien entendu, ne crois pas que ce n'est que de la provocation. Je me suis beaucoup intéressée à toi, tu me fais un peu penser à moi-même il y a quelques années, quand je ne savais pas vraiment qui j'étais. Bien sûr, je ne criais pas à tout le monde que la Mort était mon amie, sinon je serais sûrement ta colocataire de chambre. Non non, moi je me contentai de me fixer dans un miroir et de me regarder tout en me demandant: Qui suis-je vraiment? Une gentille infirmière avec un avenir prometteur ou une femme sadique qui utilise ce métier pour assouvir son besoin de sang? Soit dit entre nous, je n'en sais toujours rien.
Mais je m'éloigne du sujet. Comme je le disais, je me suis beaucoup intéressée à toi. Utiliser une double personnalité pour tuer c'est... ingénieux. Personne ne peux te punir étant donné que tu es folle.

-Oh zut. Moi qui me réjouissais de voir ton côté obscur, je suis déçue. Mais... ne t'attend pas trop à partir non plus. C'est pas parce que tu es moins folle que tu es guérie pour autant. Personne ne guérit et perd son instinct. Il revient à la charge chaque fois qu'il le pourra. Tu auras beau penser que tuer c'est mal, ça ne changera rien au fait que tu as déjà tué et que tu veux recommencer. Au fond, l'homme est pourri et sadique. Il aime se sentir supérieur, lorsqu'il détient la vie d'autrui entre ses mains. Ne te crois pas différente, un jour, la tentation sera trop forte et tu céderas.

Ma cigarette finit de se consumer. Je l'écrasai dans le cendrier à côté. Puis, je pris le couteau et m'entaillai profondément la hanche. Je me crispai légèrement en sentant la lame me couper. Puis, lançai le couteau à terre.

-Tu m'excuses mais... tu vas te faire enfermer pour un moment.

Je sortis en trombe de la chambre, et allai vers le premier surveillant venu, lui expliquant que Trin m'avait blessé en voulant me tuer. Il alla tout de suite l'empoigner pour l'enfermer dans la salle d'isolement, pendant qu'un autre surveillant, non loin de là, m'aida à aller jusqu'à l'infirmerie où l'on me soignait.